top of page

À 28 ans, Anne est veuve d’un mariage arrangé. Après des années sombres, elle tente de reprendre sa vie en main. Lors de soirées entre copines, organisées par sa meilleure amie Charlotte, elle croise le regard d’Axelle, une blonde sulfureuse à la réputation scandaleuse.

Axelle, quant à elle, coincée entre les rumeurs qui courent sur elle et son premier amour toxique, se débat pour mettre de l’ordre dans sa vie. 

Ces deux femmes, diamétralement opposées, arriveront-elles à se défaire de leurs passés ? Parviendront-elles à surmonter leurs peurs et les obstacles que la vie s’acharne à mettre sur leur route ?

Sweat, cute & sexy

9,99 €Prix
  • Johanne Millot, 2022

    Collection : Pulp (FxF) 🫦

    Sous-genre : New Adult

    Format : ebook, ePub

    Nombre de mots : 82728

    Niveau d'érotisme : hot 🔥

    Univers : mode

    Tags : bar - friends - sexe - Paris - working girl - marketing - French touch

     

  • Je me dépêchai de sortir de l’Uber qui m’avait amenée jusqu’au café où je devais rejoindre mes amies. Nous y passions chaque vendredi soir pour discuter autour de quelques verres. 

    Au Petit Parisien se situait dans le deuxième arrondissement de la capitale. L’étroite devanture, habillée de bois rouge avec deux vitres de chaque côté de l’entrée, ne laissait pas présager la salle assez spacieuse qui s’étendait après le bar. Des banquettes bordeaux, assez confortables, entouraient les tables en noyer foncé. Les moulures au mur et l’éclairage feutré donnaient un certain charme à l’établissement. 

    Je passai la porte et me faufilai entre les clients venus seuls qui s’agglutinaient au bord du comptoir en zinc. Souvent encore en manteau, un verre de bière dans une main et un paquet de cigarettes dans l’autre, ils discutaient avec les habitués assis sur les tabourets hauts. Il était dix-huit heures et l’happy hour débutait seulement. 

    Passé la foule agitée, je cherchai des yeux mes amies que je n’eus pas de mal à trouver. Pour l’occasion, nous réservions notre table de prédilection au fond, dans un coin, près d’un radiateur et à quelques mètres du couloir des toilettes. Cette partie du café, beaucoup plus calme, rassemblait les groupes qui s’y retrouvaient pour bavarder entre eux. L’endroit dégageait une atmosphère assez agréable. Nous y venions depuis trois semaines maintenant, depuis que l’ancien bar où nous avions élu domicile pour ces petites soirées avait fermé.

    C’est Charlotte, ma meilleure amie, qui avait instauré ce rituel du vendredi soir, il y a trois mois, et qui avait d’ailleurs trouvé le nouveau lieu de rassemblement, à quelques pas de son travail. Je la soupçonnais de vouloir me changer les idées après l’année assez difficile que j’avais passée. Un peu réticente au départ, j’avais capitulé devant son insistance, espérant que ces soirées tomberaient rapidement à l’eau. Assez vite, Florence et Sophie s’étaient greffées à notre binôme. J’étais étonnée de constater l’assiduité de mes consœurs et je devais avouer que j’y avais pris goût. Je me surprenais à sourire, voire même à rire après quelques verres. J’étais détendue avec elles et sortir de chez moi me faisait du bien. Je ne l’aurais jamais confié à Charlotte, de peur de la voir se pavaner, mais je savais qu’elle l’avait constaté. Je sentais souvent son regard soulagé et doux sur moi quand mes lèvres s’étiraient. 

    — Anne !

    Charlotte agitait le bras élégamment, enthousiaste comme toujours. 

    — On a déjà commandé en t’attendant, reprit-elle quand j’approchai de la table.

    — Vous êtes sûres de travailler ? m’amusai-je en observant les verres presque vides qui trônaient devant elles.

    Elles se mirent à glousser en tendant leurs joues pour que j’y appose docilement un baiser.

    — Cette semaine m’a semblé vraiment longue et vraiment ennuyeuse, rétorqua Florence en laissant traîner chaque mot. Je me suis sauvée à seize heures trente quand j’ai reçu le message de Charlotte. Autant te dire que tu as du retard à rattraper, commande tout de suite une bouteille !

     

    Avec Charlotte, nous avions rencontré Florence pendant notre première année universitaire. La grande brune nous avait aussitôt impressionnées par sa capacité à ingurgiter d’importantes quantités d’alcool et ce, sans jamais sourciller malgré sa silhouette svelte. Durant les soirées étudiantes, plusieurs garçons avaient tenté de la saouler, en vain. C’était toujours eux qui avaient fini à terre. Elle prenait d’ailleurs un certain plaisir, à l’époque, à jouer les jeunes filles innocentes pour ne pas payer ses verres. 

    Elle vivait maintenant avec Samuel qui avait, comme elle, un goût prononcé pour la fête. Ce grand blond, assez charmant, passait parfois au cours de nos réunions pour nous saluer et converser avec les habitués du bar. Une bière à la main, il était capable de discuter avec n’importe quelle personne dotée d’un sourire. Si bien que le jeune homme connaissait beaucoup de monde et tous les derniers potins. Il adorait ça et ne manquait jamais d’en informer sa chérie qui, j’avais pu le constater avec amusement, s’était prise au jeu. Ils possédaient cependant, tous deux, un côté bienveillant qui les empêchait de juger facilement les autres.

    Après une petite heure, nous le vîmes se frayer un chemin vers nous avec deux planches dans les mains.

    — Le repas de ces dames est avancé ! s’exclama-t-il en posant au milieu de la table les pièces de bois recouvertes de charcuterie et de fromage.

    Il embrassa Florence et lui lança un clin d’œil qui la fit sourire instantanément avant de reprendre en notre direction :

    — Vous allez bien les filles ? demanda-t-il en se penchant pour nous faire une bise sur la joue. Après avoir acquiescé à nos réponses favorables, il rajouta en tournant les talons :

    — Je vais vous chercher du pain.

    Sophie se rua sur la nourriture comme si elle n’avait rien avalé depuis des jours. Elle émit un petit cri de plaisir en croquant dans une portion de brie.

    — C’est le bonheur ! s’enquit-elle avant de reprendre. Ce n’est pas Ludo qui ferait ça. 

    Son ton débordait de reproches. Elle était mariée depuis quatre ans maintenant et apparemment son époux prêtait plus d’attention aux championnats de foot qu’à elle. Je ne la connaissais pas très bien à vrai dire, elle était la cousine de Florence. Ayant eu pitié d’elle en la voyant déprimée lors d’un barbecue familial, elle avait pensé à lui proposer de nous accompagner. Elle parlait peu et quand elle ouvrait la bouche, c’était pour dénigrer quelque chose ou quelqu’un. Florence n’y prêtait pas vraiment attention, mais je soupçonnais qu’elle agaçait profondément Charlotte avec ses remarques négatives et incessantes. 

    À l’inverse, la blonde était de nature enjouée. Elle aimait beaucoup rire et prenait généralement les choses à la légère. D’une élégance rare, elle aurait pu être classée parmi les beautés froides si ses yeux pétillants et son sourire enfantin ne la trahissaient pas aussi souvent. Elle attirait beaucoup les hommes et elle en profitait. Autant vous dire que les deux femmes, de caractères totalement opposés, ne jouaient pas dans la même cour et je doutais qu’elles deviennent copines un jour. 

    Quant à moi, plutôt calme et réservée, j’avais tendance à me méfier des gens que je ne connaissais pas depuis des années et que je n’avais pas choisi de fréquenter. J’échangeais peu avec elle, préférant l’affection de mes deux amies ici présentes et de Samuel qui m’avait fait baisser ma garde rapidement tant il respirait la gentillesse.

    Ce dernier revint après quinze bonnes minutes, j’imaginais qu’il avait rencontré une connaissance au passage. Il déposa le panier sur la table accompagné d’un couteau et de beurre dans une petite assiette. Il se colla à Florence sur la banquette et l’entoura de son bras. Nous le remerciâmes et commençâmes à picorer les mets entreposés devant nous.

    — J’espère ne pas vous couper dans une conversation top secrète. Je passais dans le coin et j’ai eu envie de voir l’amour de ma vie, déclara-t-il en resserrant son étreinte, un air satisfait sur le visage. 

    — Tu sais bien qu’on te l’échange contre du saucisson sans aucun problème, répondit Charlotte malicieusement.

    Tout le monde se mit à rire sauf Florence qui mimait d’être vexée, mais qui ne put retenir un rictus face à la bonne humeur ambiante.

    ***

    — Magnez-vous de fumer, j’aimerais bien pouvoir rentrer dans ce bar ! râla Gaëtan, les bras croisés contre son torse. 

    Il était visiblement de mauvaise humeur. Je me dépêchai de tirer sur ma clope en riant face à Thomas qui effectuait une imitation franchement déplorable de sa cliente. Il se déhanchait comme une prostituée au bois de Boulogne. Il me leva le menton de son index, se pencha en cambrant bien les fesses pour approcher son visage à quelques centimètres du mien. Il plongea son regard dans le mien en louchant et, d’une voix suave, me souffla : 

    — J’attends votre mail avec impatience…

    J’éclatai de rire, lui déposai un léger baiser sur la bouche et enchaînai :

    — Il va falloir que je change de sous-vêtement maintenant.

    Gaëtan ne put s’empêcher de sourire et m’attrapa pour me faire passer la porte, visiblement pressé de boire une bière. Il me porta jusqu’à une table libre et me posa délicatement sur la banquette. Je chahutais souvent avec lui, mais n’avais jamais le dessus, ce qui l’amusait beaucoup. 

    Il ne mesurait pas moins d’un mètre quatre-vingt-dix et sa carrure était imposante. Il n’avait aucun mal à me soulever et je devais avouer en avoir allègrement abusé lors de soirées trop arrosées. Dans ces cas-là, il me ramenait en me portant d’un bras et je me nichais dans son cou pour dormir jusqu’à ce qu’il me dépose dans mon lit. Le deuxième avantage subsistait dans le fait que les mecs ne m’approchaient pas quand il traînait dans les parages. Très protecteur, il veillait sur moi comme un grand frère. 

    Je les avais rencontrés dans un bistro, il y a maintenant neuf ans. Un gars bien lourd m’avait agrippée par la taille pour m’asseoir sur ses genoux. J’avais à peine dix-huit ans alors. En me voyant m’agiter, Gaëtan s’était levé et, après m’avoir extirpée de ses bras, lui avait collé un pain magistral. Il l’avait complètement sonné et ses copains étaient restés comme des cons face à lui. Thomas avait rejoint leur table pour se foutre ouvertement d’eux, mais aucun n’avait osé bouger. 

    Les deux amis d’enfance se connaissaient depuis toujours, ils avaient usé leurs pantalons sur les mêmes bancs d’école. Thomas profitait largement de la stature du grand brun pour faire preuve d’insolence envers les mecs qu’il jugeait minables. Gaëtan m’avait accompagnée dehors et tendu une cigarette en s’enquérant gentiment de mon état. Depuis cet épisode, ils avaient développé pour moi une certaine tendresse et nous étions vite devenus tous les trois inséparables.

    Thomas arriva avec trois pintes de bière et un air triomphant. J’aurais pu croire qu’il l’avait brassée lui-même. Après quelques gorgées, Gaëtan se détendit et nous restâmes suspendus aux lèvres de Thomas, une vraie pipelette qui adorait jouer les rôles de tous les personnages de ses histoires rocambolesques. Capable de faire passer une course à la boulangerie pour une aventure palpitante, il en avait des histoires… Je le soupçonnais cependant d’inventer ses chutes, mais peu importe, c’était toujours un plaisir de l’écouter. Il ressemblait à un grand gamin. Un grand gamin vraiment beau gosse. Les femmes devenaient limite débiles devant lui.

    Après quelques minutes et déjà un récit épico-burlesque terminé, je vis un blond charmant se diriger vers notre table.

    — Bonjour, balança-t-il sur un ton enjoué. Thomas se retourna et sourit instantanément.

    — Hé ! Salut, Sam ! Tu vas bien ? s’exclama-t-il en se levant.

    Ils se serrèrent la main. Puis le grand blond nous salua. Thomas fit les présentations et l’invita à se joindre quelques minutes à nous. Gaëtan partit donc en mission pour nous ravitailler. Pendant que les garçons prenaient chacun de leurs nouvelles respectives, j’examinais d’où il venait. De deux tables plus loin, sur la gauche. Celle de quatre jeunes femmes. Je ne pouvais en détailler correctement qu’une seule de ma place. Elle était assise comme moi au bord de la banquette opposée à la mienne. 

    La brune me jeta un coup d’œil, mais quand nos regards se croisèrent, elle tourna rapidement la tête, gênée que j’aie pu la voir m’observer.

    Je les avais déjà aperçues, elles venaient depuis trois semaines maintenant. Toujours à la même table, toujours le vendredi. Elles papotaient sans prêter attention aux autres et commandaient du vin rouge. La soirée entre copines distinguées, donc. Je m’amusais du contraste avec ma condition : de la testostérone à outrance arrosée à coup de bières de cinquante centilitres.

    La brune avait attiré mon regard auparavant. Elle semblait parfois ailleurs et ne parlait pas autant que sa voisine, la blonde charmante et sympathique. Je m’étais souvent demandé si elle voulait vraiment être là d’ailleurs, mais, après quelques verres, elle se détendait. Elle portait un slim noir qui lui arrivait au niveau des chevilles, des talons aiguilles noirs d’au moins huit centimètres et un haut gris clair, souple, à manches courtes avec un col en V. Plutôt menue, le t-shirt entré dans son pantalon juste à l’avant laissait imaginer son ventre plat. Des colliers longs sertis de petites perles noires et des bracelets assortis au poignet agrémentaient le tout. Sa peau était légèrement hâlée, mais manquait de soleil et ses cheveux noirs, très longs et lisses, s’alignaient à la perfection dans une queue haute. Son visage était fin et ses yeux d’une magnifique couleur hématite. Il était difficile de ne pas la regarder.

    Les bières claquées sur la table me sortirent de ma contemplation. Je laissais passer Gaëtan, ne voulant pas lâcher ma place et dire au revoir à cette belle vue. Je m’intéressai soudain à la conversation de Sam quand il parla de sa copine, en pointant du pouce les banquettes derrière lui. Je m’étonnais à penser : « une chance sur quatre que ce soit elle ». Thomas se retourna pour regarder dans la direction indiquée et le blond se sentit obligé de préciser :

    — La brune. 

    Je ne saurais dire pourquoi, mais cette précision m’agaça instantanément.

    — Enfin… tu ne peux pas la voir là, elle est de dos, reprit-il assez vite. Tu veux que je te la présente ? Flo est avec ses amies, c’est soirée filles le vendredi. Même si je m’incruste quelquefois, continua-t-il, un sourire espiègle aux lèvres. Elles sont chouettes.

    Mon ressentiment s’effaça aussi rapidement qu’il était apparu. Sa copine était la grande brune en face d’elle… Je l’avais croisée succinctement au bar, elle était plutôt jolie et semblait dans son élément. Le couple était bien assorti et Sam paraissait tenir beaucoup à elle.

    Thomas déclina poliment l’invitation, ne voulant certainement pas être intrusif.

    — Oh non… Ne la dérange pas, à la prochaine occasion. 

    Sam resta avec nous le temps de finir sa pinte. Sa conversation, je dois l’avouer, était assez agréable. Il s’adaptait facilement et pouvait rebondir d’un sujet à l’autre en évitant les banalités. Son intérêt pour ses interlocuteurs transpirait la sincérité et ses questions ne dépassaient jamais la bienséance. Il savait écouter et je n’avais pas de doute sur le fait qu’il fasse un bon confident. Il s’était imposé naturellement à nous et aimait véritablement rencontrer de nouvelles personnes. Échanger avec quelqu’un qui ne semblait pas avoir d’a priori était plaisant.

bottom of page