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Quand Maksen débarque sur l’île des Amazones, on lui a volé sa mémoire, sa liberté et on l’a marquée. La colère sourde qui la hante la pousse à nourrir un sombre dessein : c’est décidé, elle s’enfuira, mais avant, elle tuera la reine qu’elle tient pour responsable de tous ses malheurs. Sa détermination sera pourtant mise à mal par le lien d’affection qui grandira, au fil des mois, pour les femmes qui l’entourent et cette communauté qui l’intègre. Et son dilemme ne fera que s’intensifier quand elle tombera amoureuse de la dauphine, Théore. Arrivera-t-elle à transpercer de sa flèche la mère de celle qui fait battre son cœur ? À trahir celles qui sont devenues ses amies ?

Entre vengeance et amour, que choisira-t-elle ?

L'île des Amazones - Tome 1 : Le dilemme de l'infante

9,99 €Prix
  • Sam Taylord, 2023

    Catégorie : Rebel & Love

    Sous-genre : Aventure

    Format : ebook, ePub

    Nombre de mots : 138 804

    Niveau d'érotisme : soft

    Univers : Amazones

    Tags : infante - société inclusive - femmes - amitié - courtisanes - royauté - résistance - combattantes - chevaux - trahison - coup d’état

     

  • — Regarde, Onara ! On voit poindre une voile ! L’infante arrive ! s’écria‑t‑elle surexcitée, en désignant du doigt une minuscule pièce de toile carrée et blanche qui venait d’apparaître sur les eaux. 

    Une vague de joie et de curiosité la submergea. Il était trop rare qu’une infante débarquât dans le duché. Elle agrippa nerveusement le bras d’Onara et toutes les deux se mirent à questionner frénétiquement l’amirale.

    — Oh, qui sera la marraine ?

    — Quels sont ses chiffres ?

    — Qui va la marquer ? La bouchère ?

    — Oh ! Quand ça ? Quand ça ? Dès aujourd’hui ?

    — Et le rituel de l’oubli, il a fonctionné ?

    La chèfe des marines interrompit les deux amies d’un geste exaspéré de la main.

    — Sauvez‑vous, avant que j’appelle la garde des chevalières !

    Elissa et Onara éclatèrent de rire et s’échappèrent en courant. Elissa comptait parmi la faction un bon nombre de ses clientes, si bien que la menace ne lui fit pas peur. Cependant, elle comprenait que Bonnie ne pût pas trahir la confiance de la reine en leur confessant tous ces secrets. Toutefois, rien ne l’empêcherait d’en savoir plus, en la filant quand elle escorterait l’infante. 

    Après avoir marché une vingtaine de mètres, elle se retourna pour vérifier que Bonnie leur montrait son dos et poussa Onara derrière la carcasse du cargo. Elles s’accroupirent l’une à côté de l’autre, en silence, les yeux rivés sur l’horizon. 

    L’attention de Bonnie restait concentrée sur l’éclatant vaisseau qui se rapprochait. L’océan paraissait clément ce matin‑là ; les mouettes planaient paisiblement dans les airs ; l’odeur du sel remontait de la marée et les chatons affamés attendaient patiemment, contre les rouleaux de cordes, prêts à se jeter sur les proies faciles qui joncheraient le sol lorsque les agentes de fret s’occuperaient de la pêche. La ville, endormie sous un ciel nuageux, semblait étrangement calme.

    Quand le vaisseau atteignit enfin le quai, l’amirale s’affaira à aider l’équipage qui amarrait. Elissa reconnut la capitaine Pìa de loin ; elle tendit l’oreille.

    — Comment s’est déroulée la traversée, Pìa ? interrogea Bonnie en saluant sa subalterne qui touchait du pied le port.

    — Sans encombre.

    La petite capitaine sourit de ses yeux bridés et très noirs. Elle semblait satisfaite par l’exécution de sa mission. Avec son teint frais et sa peau d’un blanc laiteux, elle ne paraissait pas son âge – bien qu’elle ait dû dépasser la quarantaine. L’amirale passait pour son aînée de quelques années avec ses traits plus soucieux et fatigués. 

    — Fais‑la venir.

    — Rozenn, Lizig, Tifan ! Amenez l’infante ! cria la capitaine en direction des marines qui patientaient, penchées par‑dessus le bastingage. — Doucement ! chuchota Bonnie, en jetant un regard inquiet par‑dessus son épaule. De leur côté, Elissa et Onara s’adressèrent un signe muet, les yeux brillants d’excitation. C’était le moment qu’elles attendaient depuis des semaines : découvrir à quoi ressemblerait l’infante. Le premier élément qui comptait était ses chiffres, qu’elle aurait de tatoués au poignet. Si ceux‑ci montraient une supériorité numéraire de meurtres, alors elle resterait dans leur duché. Dans le cas d’un nombre inégalé en trafics ou en tortures, elle serait envoyée vers un duché voisin. — Je te l’avais dit ! trépigna la courtisane Elissa, en saisissant le bras de son amie.

    — Silence… murmura Onara. 

    La capitaine avait rougi de sa maladresse. Pour se rattraper, elle prêta main‑forte aux trois marines qui descendaient sur le quai en escortant une jeune femme. Ses cheveux sombres et courts formaient des épis sur l’arrière de son crâne. Elle apparut chétive et pâle à la lueur du jour, comme après un voyage éprouvant. D’aussi loin, Elissa avait du mal à distinguer son visage, mais elle semblait plutôt jolie, bien que sa minceur fût telle, que ses joues s’en trouvaient creusées. À peine pouvait‑elle se tenir sur ses frêles jambes, le corps recouvert d’une tunique trop légère, tremblante dans la fraîcheur matinale. 

    Elissa songea à la première fois où elle avait posé, également, le pied sur l’île des Amazones. Elle ne devait pas être plus vaillante ! Mais elle avait au moins eu le soulagement de naviguer en compagnie d’Onara, débarquée en même temps qu’elle. — Où suis‑je ? balbutia la jeune femme, les paupières resserrées par la clarté de l’aube. — Elle était coriace. Nous avons décidé de l’enfermer dans la cale, rapporta une des marines. L’amirale s’approcha de la nouvelle. — Infante, sauras‑tu marcher seule ? Après un instant d’hésitation, l’infante sembla comprendre qu’elle était ainsi désignée et hocha la tête faiblement. — Qu’on lui mette les fers et qu’on l’amène chez la bouchère. L’ordre de Bonnie fit l’effet d’une brûlure dans la poitrine d’Elissa. Une vague de pitié l’inonda en songeant à ce qui attendait la jeune femme.

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